Césarienne d’urgence & traumatismes

27 Mai, 2021Postpartum

Il arrive parfois que malgré un projet de naissance bien établi, malgré qu’on se soit préparée pour notre accouchement idéal, rien ne se passe comme prévu, et ce pour diverses raisons.

Et même si au final bébé et maman vont bien physiquement, ces accouchements peuvent être perçus et vécus comme traumatiques par les personnes concernées. Et comme tout traumatisme, cela peut laisser des traces s’il n’est pas traité.

J’ai été interviewée récemment pour un épisode de podcast traitant de la césarienne et je me suis rendue compte que beaucoup de femmes souffrent de leur accouchement et plus précisément de leur césarienne. J’ai aussi reçu des témoignages de mamans pour qui leur accouchement a été réellement vécu comme traumatique et cela a laissé des traces sur leur manière d’être.

Je me rends compte aussi dans ma pratique, que la césarienne a plutôt mauvaise pub. Beaucoup de femmes dressent une sorte de hiérarchie de l’accouchement et la césarienne se trouve tout en bas de cette échelle. Elle est parfois considérée comme un « faux accouchement ».

Si vous accouchement a été vécu comme tramautique, c’est qu’il a été !

Personnellement, je n’ai jamais vu la césarienne comme un « non accouchement ».Ce qui me fait plus peur, c’est l’acte chirurgical en soi.

Cependant, je comprends parfaitement que certaines femmes vivent cela comme un échec, surtout lorsqu’elles reçoivent des remarques telles que «c’est la solution de facilité », « la césarienne ce n’est pas accouchement »… Ce genre de remarque ne fait que nourrir le sentiment qu’elles n’ont pas été capables de mener leur accouchement « correctement ».

 

Cela me fait évidemment poser pleins de questions : il y a t-il une manière correcte d’accoucher ? Il y a t-il une meilleure façon qu’une autre d’accoucher ? Comment définit-on un accouchement correct ? Sous quels critères ?

 

Je crois sincèrement qu’il est plus que temps d’en finir avec cette mauvaise image de la césarienne. D’une part, car il y a des cas où elle est essentielle, et même vitale pour des raisons médicales, et d’autre part, cela reste une manière comme une autre d’accoucher.

La césarienne, une vraie solution de facilité ?

Lors d’une séance, j’ai reçu une future maman qui avait programmé une césarienne. Elle est maman solo et le fait de pouvoir prévoir la date exacte de l’arrivée de son bébé la rassurait et elle a ainsi s’organiser en amont pour ne pas être seule.

Ce qui m’avait frappée, c’est sa justification face à son choix, alors que je ne lui demandais que la date de son terme. 

Cela n’a fait que confirmer cette mauvaise image de la césarienne. Dans l’esprit de beaucoup de monde, la césarienne est vue comme une solution de facilité : que celles qui y ont recours le font pour ne pas avoir mal.

 

Rappelons-le : qu’elle ait été programmée ou faite en urgence, une césarienne reste un acte chirurgical. Et comme tout acte chirurgical, cela n’a rien d’anodin.

 

S’il s’agit d’une césarienne d’urgence, donc non prévue, elle a souvent lieu à un moment critique, après de longues heures de travail. Donc oui, la future maman a eu le temps de ressentir les contractions.

Qu’elle ait été programmée ou pas, dans tous les cas, les douleurs se manifestent après. Ce n’est pas pour rien que le séjour en maternité dure en moyenne 5 jours (vs les 3 jours pour un accouchement en voie basse). Évidemment, les douleurs ne s’envolent pas après ces 5 jours. Certaines femmes ressentent les douleurs liées à la cicatrices des semaines voir des mois après leur accouchement.

 

Donc de là à dire que c’est LA solution de facilité 😕

 

Et quand bien même. Certaines femmes préfèrent opter pour une césarienne dite « de confort » car elles ont effectivement peur d’avoir mal. Mais cela ne les regarde qu’elles.

Tout comme celles qui préfèrent programmer leur accouchement et donc l’arrivée de leur bébé, car ça leur permet de mieux s’organiser et être sereines. Ce choix ne les regardent qu’elles : leur corps, leur bébé, leur choix.

L’impact psychologique : trop souvent minimisé

Au delà de la douleur physique, je pense qu’il est aussi nécessaire de parler des douleurs psychologiques pouvant être générées par une césarienne. Je vais surtout faire références aux césarienne d’urgence, donc les cas où la future maman n’a pas eu le temps de s’y préparer et d’accepter cet acte. 

dépression

Il y a de nombreux cas où la césarienne est en effet nécessaire car les pronostics vitaux de la maman et/ou de bébé sont en jeu. Malgré ce caractère « vital », beaucoup de mamans voient et vivent leur accouchement comme traumatique. On estime d’ailleurs qu’une femme sur 3 ayant eu une césarienne vive cela comme un traumatisme ! 

Dans de nombreux cas, des mamans ont l’impression qu’on leur a volé leur accouchement.  

Sans compter que bien souvent, les émotions des jeunes mamans ne sont pas entendues. Dans ces cas là, on leur rappelle gentillement que ce qui est essentiel, c’est qu’au final elles et/ou leur bébé aillent bien et soient en vie. Donc, grosso modo, qu’elles n’ont pas trop à se plaindre.

Sous cette injonction, beaucoup de jeunes mamans ne s’autorisent pas à voir et ressentir cela comme un traumatisme et vont avoir tendance soit à nier soit à refouler ce qu’elles sont pu réellement ressentir.  

Dans d’autres cas, cela impacte sur la confiance des jeunes mamans, la confiance à materner.

D’une part car elles ont l’impression que leur propre corps ne leur a pas permis d’aller au bout de leur accouchement et donc d’accoucher par voie basse. Et d’autre part car comme tout acte chirurgical, la récupération est plus longue. Certaines souffrent du fait de ne pas pouvoir s’occuper pleinement de leur bébé, de ne pas pouvoir le porter… à cause des douleur physiques.

 

Tant de facteurs qui mettent à mal la santé mentale de ces jeunes mamans et qui peuvent un réel impact sur elles, et sur leur relation avec la maternité et leur bébé.

Que faire quand on ne se remet pas de son accouchement ?

 

Comme pour tout traumatisme, cela laisse des traces, qu’on ne perçoit pas toujours rapidement et qui peuvent se présenter sous plusieurs formes : flash back, cauchemars, troubles du sommeil, stress, ruminations, colères… et dans des cas plus graves, cela peut être une dépression, des crises de panique…

Il est donc important de s’en occuper pour que cela ne se cristallise pas dans le corps. Se faire accompagner est pour moi important. D’une part car cela vous fera gagner du temps, mais aussi car vous vous adresserez à une personne complètement neutre par rapport à votre situation.

Même si l’entourage se veut bienveillante, il n’a pas toujours les bons mots qui peuvent être mal perçus.

 

Aujourd’hui, vous avez le choix entre différents types de thérapies : du suivi psychologique à une pratique de médecine douce. 

Évidemment, je vais vous parler de la sophrologie car c’est ma pratique. Mais je ne prétends pas qu’il s’agisse de la meilleure solution. Tout va dépendre de ce que vous recherchez, si vous êtes réceptive ou pas à cette technique etc. A vous d’explorer, de contacter les professionnels en questions, de leur poser des questions et de tester pour voir si la technique vous convient.

 

En sophrologie, on va surtout travailler sur les mémoires du corps et le côté émotionnel, en nous appuyant notamment sur les messages du corps (les ressentis et les sensations). Le corps garde tout en mémoire et imprime tout ce qu’on a vécu et ressenti. Cette technique va donc permettre la libération des anciennes mémoires pour ensuite travailler sur de nouvelles sensations.

Pour cela, je propose en séance plusieurs types d’exercices qui reposent sur la respiration contrôlée, associée à du relâchement musculaire et de la suggestion d’idées ou d’images positives. Quelques séance permettent ce travail de « déprogammation et reprogrammation ».

 

Mais bien souvent, mes clientes viennent me voir initialement pour d’autres problématiques (troubles du sommeil, angoisses pour un second accouchement…). C’est lors de l’anamnèse (la première séance) que je vais explorer le vécu de l’accouchement et faire, s’il y a, la corrélation entre le vécu et la problématique pour laquelle on me consulte.

 

Important : La dépression pouvant aussi être un signe de stress post traumatique, je conseille aux mamans qui traversent une dépression de consulter directement un psychologique ou psychiatre. La sophrologie peut par contre être une méthode complémentaire à un suivi psychologique (et souvent, je demande à être mise en contact avec le/la psy pour optimiser les séances). De même, si je constate des signes de dépression, je réorienterai la personne vers une personne qualifiée.

  

Dans tous les cas, si votre accouchement a été vécu comme traumatique, c’est qu’il a été pour vous. D’autres personnes pourront essayer de vous rassurer en minimisant ce vécu, mais faites vous confiance. Si c’est ce que vous avez ressenti, c’est que c’est réel.

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